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Vampire, la mascarade : Bloodlines

Vampire, la mascarade : Bloodlines : 3 Avis

Infants Caïnites, bienvenue dans mon refuge. Il me faut vous entretenir de ce nouveau titre, second essai de la firme White-Wolf pour transformer son très bon Vampire, la mascarade (lire la chronik dans JDR) en un jeu pour ordinateur. Malheureusement, ils ont choisi Troïka Games et Source Engine pour réussir le tour de force de faire rester un rôliste pendant une trentaine d'heures devant un PC.

Niveau Matériel :

J'ai testé, récuré devrais-je dire, ce jeu sur un Intel Pentium 4 2.8c Ghz (hyperthreading) équipé de 1024 Mo de Mémoire, d'une carte vidéo ATI Radeon 9600 XT TDV à 128 Mo de DDR dédié.
Ce petit jeu prend la bagatelle de 2.8 Go sur le disque dur, encore une fois, le packaging en DVD aurait certainement pu être très rentable. Mais non, on devra se contenter de 3 CDs.
L'installation prend des plombes mais vu la masse d'informations à mettre sur le dur, faut le comprendre le petit.

Niveau Gameplay :

La première impression est bluffante, c'est un RPG avec une vraie fiche de personnage comme dans son homonyme papier. Il est possible pour un joueur PC de créer un personnage en répondant à quelques questions mais il est aussi possible pour les joueurs de JDR expérimentés de créer leur personnage à partir de la fiche. Autre très bon point, les races, on devrait plutôt dire clans mais gardons le langage PCiste, sont en nombre important, toutes les lignées de sang principales de la Camarillia sont représentées depuis le très brutal Brujah jusqu'au très discret Nosferatu.

Le point cinématique :
Puis on lance la cinématique de début, et ça se gâte. Une "cinématique" est généralement un "film", la solution Troïka est la version adaptée de Half Life 1, on utilise les personnages en jeu pour la cinématique et c'est moche. On pourra remercier très franchement le superbe moteur Source Engine d'Half Life 2 pour son inconsistance. J'avoue ne pas avoir attaqué Half Life 2 pour l'instant mais Troïka a fait un boulot parfaitement inconcevable pour un produit aligné dans les rayons à 56 euros. Remarquez bien que ce n'est pas la seule critique. Toutes les cinématiques sont sous cette forme, pas un effort de 3D, l'animation est saccadée et le résultat est médiocre, les personnages ressemblent à des pantins mal articulés et les phrases de sous-titres, si vous avez eu le malheur de les activer, font scintiller l'écran.

Le point jeu :
Voici la bonne nouvelle, j'ai descendu la partie technique mais la partie prise en main est intéressante : votre personnage combattra à la troisième personne mais lors de votre enquête vous pourrez vous balader façon (à la) première personne. Vous utiliserez aussi les armes de distance à la troisième personne. La configuration des touches est importante, une pour appeler votre inventaire, une pour appeler votre fiche de personnage, une pour appeler l'indispensable journal de quête et enfin une touche pour effectuer les actions.
Le principe des actions est assez simple, une icône apparaît dans le bas de votre écran pour vous indiquer que vous pouvez effectuer une action, une pression sur la touche d'action et voilà, le tour est joué.
La prise en main est rapide, pas plus de 10 minutes comprenant le principe de vos pouvoirs de vampire, le seul mauvais point du gameplay est certainement le manque de "singularité" des actions de combat. En effet, votre personnage n'a pas la possibilité de faire des actions variées et plus ou moins efficace lors des combats au corps à corps. Il exécutera 3 ou 4 mouvements différents en fonction de votre appui sur les touches mais les dégâts sont gérés par le système RPG et c'est certainement là la faiblesse du jeu. En effet, que vous tiriez dans la tête ou pas, c'est le même tarif. Ce qui finit par devenir bizarre quand votre Brujah avec 5 en force, 5 en bagarre et 5 en puissance, colle une baffe à un militaire armé d'un fusil à pompe : Brujah vainqueur par décapitation à mains nues... Ouverture conceptuelle intéressante...
Les combats sont souvent violents, et certaines "races" auront du mal à passer certaines zones sans recommencer plusieurs fois. L'inscription "vous venez de subir la mort ultime" s'affichera un peu trop souvent à votre goût dans certain cas.

Point évolution et personnage :
Comme dans tout RPG, votre personnage évolue en gagnant de l'expérience. Outre vos capacités de combat, d'autres compétences, comme l'intimidation ou la séduction peuvent vous permettre de débloquer un certain nombre de réponses différentes lors de l'interaction avec les Personnages Non Joueurs. Vous avez ainsi la possibilité de vous en sortir par d'autres chemins.
Le concept est très bien réalisé, et les personnages sont aussi très différenciés : le jeu avec le personnage Malkavian est un pur bonheur, puisque votre personnage est affecté par une (des) maladie(s) mentale(s) qui vous permettent de répondre avec des répliques complètements hallucinantes.
Chaque personnage a aussi un défaut et un talent, le talent est souvent un pouvoir ou un point supplémentaire dans une compétence, mais le défaut peut être scénaristique : le Ventru doit par exemple se nourrir uniquement sur des membres de l'aristocratie ; heureusement, votre personnage sait les identifier.

Niveau Scénario :

S'il y a bien un point sur lequel on ne peut rien reprocher à Vampire, c'est bien le scénario. Très loin de son petit frère Rédemption, Bloodlines est un vrai RPG complexe et multiple, plein de ramifications et de rebondissements. La trame principale du jeu s'étend au long de 4 zones principales vous permettant de visiter Los Angeles. Chacune d'elles se termine par une zone particulière qu'il vous faut résoudre pour débloquer la zone suivante.
Cette histoire principale n'est toutefois pas la seule partie du jeu. En effet de nombreuses, très nombreuses, quêtes annexes vous permettront de comprendre de plus en plus les interactions entre les clans, tribus et sectes de vampires mais aussi vous emmèneront vers des relations avec des humains, des fantômes et des loups-garous.
Le plus jouissif dans Vampire, version papier, c'est la complexité des imbrications politiques, que mes joueurs - je suis maître de jeu - appellent "pièges à cons" ou par d'autres sobriquets impossibles à écrire dans ces lignes. Nous dirons que "se faire avoir" est une obligation. Et bien, c'est heureux mais Bloodlines reproduit ce type de choses à la perfection. Ne souhaitant pas gâcher votre plaisir, je ne vous expliquerai pas les différentes situations, mais il me faut dire que certaines, celles de la partie principale de l'histoire, sont obligatoires. Votre personnage ne peut donc que "tomber dans le panneau". Toutefois, pour certaines intrigues, ce n'est pas le cas, vous pouvez changer les choses et, ô bonheur, vous serez récompensé en fonction de ce que vous avez fait pour résoudre la situation. Vous pouvez donc réussir une mission de plusieurs façons différentes et bien sûr, la rater de plusieurs façons différentes.
Il reste le principe de la Mascarade. Dans l'univers de Bloodlines, les humains ne sont pas au courant de l'existence des vampires et des autres créatures magiques. Vous devez donc rester discret dans bon nombre de situations, par exemple pour vous nourrir. Le sang étant le moteur de vos pouvoirs, il va falloir faire attention à croquer vos victimes dans les ruelles sombres ou trouver d'autres moyens de vous sustenter, comme les rats ou les poches de sang.
Si vous tuez un humain innocent, vous perdez aussi en humanité, ce qui vous rapproche de la bête. Cette bête c'est la frénésie, et c'est assez gênant de voir votre personnage faire n'importe quoi simplement parce qu'il a faim.
Chacune de ces notions sont introduites au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, vous ne pouvez donc pas « perdre » sans avoir compris pourquoi.

Niveau Sonore :

OUAHHHHH, la musique est bonne, bien cadrée avec les endroits où vous vous baladez, il y a même des petits bonus intéressants composés par Lacuna Coil, Ministry ou Daniel Ash.
C'est varié et c'est très bien adapté à la situation. La musique n'est jamais gênante et les bruitages sont bien rendus, je vous conseille les enceintes en 5.1 dans le noir, frissons garantis.

Le Carton Rouge :

Bon maintenant, le coup de gueule : le jeu est buggé à mort. Vous vous foutez vraiment du client pour sortir des trucs comme ça. C'est à un point tel qu'on est obligé de lancer le jeu avec la console pour sortir d'une zone de la quête principale et tapant le code de déblocage de la zone. C'est une honte. Ca vous arrive de tester vos propres jeux ?
Vampire, la mascarade : Bloodlines est un jeu dont le concept est superbe, le scénario béton et la musique géniale. Le codage est un résultat fécale approchant l'ordurier.
Au passage, je souhaite infiniment remercier les programmeurs du site vampirebloodlines.fr.st ainsi que les développeurs de la communauté américaine de Vampire The Mascarade, pour le patch non officiel ainsi que les cheats qui permettent de débloquer le jeu.
Désolant.

Notation :

Technique : Lamentable - Source Engine n'est peut être pas génial mais là, c'est le pompon c'est immonde et mal codé et c'est bourré de bugs
Gameplay : Moyen - le côté RPG compense les limites du mode action
Graphisme : Moyen - l'environnement est beau, mais les personnages gâchent tout
Animation : Lamentable - faire des vidéos, c'était pas assez simple pour vous ? Allez dites moi que c'est une histoire de budget
Scénario : Fabuleux - multiple, complexe, pervers ; on ne s'ennuie pas une seconde
Musique : Fabuleuse - parfaitement collée à l'ambiance et de très bons titres en nombre suffisant


Note : 12.

Nehwon

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