Irréversible : 3 Avis

Bouleversée non. Colèreuse, oui. Ce film avant sa sortie a été victime d'un tapage médiatique et d'un bouche à oreille qui le qualifiait d'étrange et d'horrible. Connaissant le public, il s'est rué pour être choqué ou pour s'en donner à coeur joie. Connaissant Gaspar Noé et son faible pour les viols, les pulsions assassines, pour Pier Paolo Pasolini, on se doutait que son nouveau film serait une grosse claque. Mais ce fut une claque plutôt tiède.
Certes, les plans ressemblent aux feuillets d'un passé tortueux et doux... Mais pourquoi une si grande déception ? Parce que ce film va et est catégorisé comme film provocant et ne vit qu'à travers le fait que Noé n'avait sans doute pas grand chose à faire à ce moment là... Comment l'auteur de Carnes a pu tomber dans cette facilité d'images violentes gratuites et si superficielles ? Le viol de Bellucci qui a fait tant de bruit est-il dû au fait que c'est une jeune femme aussi connue et jolie que Monica qui joue ce rôle ? Ou parce que les gens n'ont plus été aussi choqués depuis Baise-moi ? On peut se soulager en ce disant que ce n'était qu'un film pour "passer le temps" de Noé qui a un projet beaucoup plus important. Le fait qu'il y ait des trucages numériques peut-être même dans chaque scène, car il y en a plus de milles, fait battre mes paupières... On est loin d'une réalité crue et d'une tentative de faire passer l'horreur humaine pour écoeurante. Car avec ce besoin de rajouter des effets numériques pour gommer je ne sais quelles imperfections rend le film vraiment pas crédible. Cependant, l'effet angoissant et étouffant d'Irréversible réside en ces plans-séquences tournés à l'envers qui nous montrent des horreurs qui se radoucissent petit à petit. On a l'impression d'avoir été blessé d'un coup, de sentir la brûlure de la lame, et de l'oublier petit à petit. La musique étourdissante du début dans la boîte avec cette scène au "rectum" qui ferait tomber même un homo de son siège (allez savoir) et sans doute la scène la plus marquante du film, car l'on voit la fureur de Cassel, ses pulsions lui troubler la vue, le faire disjoncté, il n'entend plus rien, seule la vengeance compte, et rien que cette scène aurait plu à Fritz Lang, lui qui était tout aussi obsédé par les pulsions des Hommes.
L'instinct de l'Homme c'est de se défendre, de se venger, d'aimer, de se détruire... "Le temps détruit tout..." Et à travers Irréversible, on a l'impression que c'est l'Homme le responsable, que c'est lui le temps qui détruit tout.
A noter que les scènes de nu avec Cassel et Bellucci sont d'une intensité peu commune, sachant qu'ils vivent ensemble, on pénètre leur intimité, qui est très bien rendue par Noé.
Donc on aime, on aime pas, il faudrait toutefois noter, que ce film est une très bonne idée, et que malgré l'histoire simpliste de viol et de vengeance, il ne laisse pas tout à fait indifférent.


Note : 11,50.