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Mystic River

Mystic River : 3 Avis

Eastwood, connu pour ses rôles de cowboys ou bien encore pour celui de tonton "Harry", a fait du chemin derrière la caméra. Bien qu'au départ, on ne le prête pas gagnant, il a su nous montrer qu'il savait diriger, créer et faire du beau. Il a marqué la fin du western avec Impitoyable, marqué le romantisme passionnée avec Sur la route de Madison, insinué la vipère bourgeoise avec Minuit dans le jardin du bien et du mal et aborde avec gravité le destin dans Mystic River. Sans doute pour moi l'un de ses meilleurs films, Clint voit sombre et rouge avec cette histoire de vengeance féroce très noire. La scène du début est très dure lorsque les enfants ayant gravé leur nom dans du ciment frais, sont abordés par des "policiers" qui les réprimandent et en embarquent un, le plus silencieux, le moins arrogant, celui qui vit loin et n'a pas fini d'écrire son nom sur le ciment. Le jeune garçon va se faire séquestrer et violer, il s'enfuira plus tard, mais jamais il n'oubliera... Le fait que son nom reste incomplet sur le ciment, laisse présager son malheur futur, il est amputé de son enfance, il sera sacrifié pour le bonheur des autres, il n'a jamais véritablement été là.
Le ton cinglant du film est lancé, thème de la vengeance, thème du destin, car de cet évènement va en découler plusieurs, notamment lorsqu'adulte, la jeune fille d'un des trois : Jimmy, Dave et Sean, va se faire assasiner. Le père va vouloir se venger et trouver l'assasin. Le comportement étrange et ambigu de Dave (le petit violé) va forcer sa femme à le juger d'avance, et à tout divulguer à l'intéressé, qui s'avère être un caïd. Le jeu de "si c'était moi qui étais monté dans la voiture..." revient souvent et me fait penser à un vieux film de Curtiz Les anges aux visages sales où ce thème est tout aussi récurrent, deux amis commettent un délit, l'un d'eux ne court pas assez vite et va payer pour l'autre, ainsi il devient un caïd et l'autre prêtre, et il continuera à payer jusqu'à son éxécution -"Si c'était moi qui avait couru plus vite que toi...".
Mystic River est d'un optimisme rare dans un pays où les films sont censés se finir en happy end, et posséder des codes. Eastwood joue sur la corde sensible de la justice, du destin, de l'enfance et de la pulsion comme se plaisait à le faire Fritz Lang. J'en ai été toute retournée et très agréablement surprise, car il y avait un vrai scénario, une véritable recherche de l'esthétisme sans prétention et des acteurs brillants de sincèrité.


Note : 17,5.

Kei

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