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Ken Park

Ken Park : 3 Avis

20 sur 20 et ce n'est que mon avis personnel. Etant fan inconditionnelle de Larry Clark photographe et Larry Clark réalisateur, c'était ce film que ses admirateurs attendaient le plus au monde. Terminé avant Bullit, imaginé avant Kids, refusé, censuré, malmené... Avant que Ken Park apparaisse sur nos écrans, il a fallu trouver une boîte assez courageuse pour le financer et allez jusqu'au bout du film "destructeur" de Clark. Le film est plus qu'acide, plus qu'artistique, plus qu'émotionel, plus qu'une "daube trashy". Je me suis reconnue dans ce film et c'est là les intentions de Clark et Korine déjà créateurs de Kids, que les ados regardent un film d'ados, sur eux peut-être. Grâce à ces deux là, fini les film d'ados bêbêtes qui ne pensent qu'à dire "cul" dans des blagues idiotes, fini, les films d'ados Beverly Hillisé et riches... Ce que Clark a toujours recherché, c'est de poser un franc regard sur les ados renfermés, ceux qui paraissent vraiment intéressants. Bienvenue dans l'âge ingrat, dite période où tous les démons vous tentent ou vous fauchent. Ken Park pourtant est le premier film de Clark où l'on voit apparaître les parents, comme explication de la dérivation d'une jeunesse américaine que nous Européens ne connaissons pas vraiment finallement.
Ce film est aussi très franchement Oedipien, car chaque personnage de son côté a des obligations ou une revanche personelle à assouvir ; alors que les grands parents de Tate jouent au tennis, lui, s'enferme dans sa chambre, pour se masturber sur le son des joueuses de tennis qui s'essouflent à la télévision. Shawn couche et aime la mère de sa petite amie. Le père de Claude voit en son fils sa femme, il semble frustré de ressentir une attirance incestueuse envers son fils et le harcèle sans cesse. Le père de Peaches, religieux extrème, voit en sa fille sa mère morte, il l'idéalise tellement que la déception va lui faire perdre une partie de sa raison et l'inciter à avoir ce mariage privé avec elle dans sa chambre. Le film ressemble alors à un vrai chaos, seule la fin nous fait sourire, lorsque les trois rescapés : Peaches, Shawn et Claude, se retrouvent dans un coin bien à eux pour s'unifier dirait-on par l'acte sexuel qui semble le moins écoeurant du film car cet acte est pur et innocent. A leur manière, ils s'inventent une manière originale de fuir la banalité, la fatalité, l'écoeurement de leur vie, ils semblent se créer un paradis illusoire bien à eux, ils sont enfin eux.
Larry Clark est un très bon dirigeur d'acteurs, car tout comme Kids, il recherche le naturel, ses acteurs sont des inconnus rencontrés dans la rue ou ailleurs, il reconnait alors en eux ce quelque chose qui fait d'eux des personnages uniques et vrais. Il n'épargne rien et filme tout avec une crudité effarante. Mais Clark ne veut plus se cacher, les censures qu'il s'était imposées (et qu'on lui avait surtout imposées) sont oubliés dans Ken Park, il ne renie rien, car cela reviendrait à être hypocrite à renier ce qu'est l'Être lui même.Il ne veut pas faire partie de la génération jeune puéril que l'Amérique avec certains films est en train de générer. Larry Clark qui lui même a été jeune, drogué et paumé, nous raconte maintenant l'adolescence naturelle car il est resté jeune dans son coeur. Avec ce film, il marque un tournant historique, tout comme American Graffiti ou Outsiders l'avaient fait en leur temps (même si Ken Park est beaucoup plus incisif), témoignage de leur époque.


Note : 20.

Kei

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