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L'été meurtrier

L'été meurtrier : 3 Avis



Un film que je n'ai pas revu depuis longtemps, mais qui laisse ses traces...
Le film comporte des imperfections techniques parfois mais est sauvé par l'interprétation sauvage d'Adjani, qui mûrit devant la caméra de Becker, jouant un érotisme vulgaire qui aurait pu valoir des critiques immondes à son sujet. Elle interprète toutes les palettes de l'émotion possible avec un paradoxe sans faille (vulgarité, érotisme, fragilité, enfantillage, innocence, mensonge, méchanceté, gentilesse...). Le scénario y est pour beaucoup aussi, écrit par l'auteur du roman, il était sûr que l'histoire garderait son suspense, ces dialogues hallucinants et sa logique déterminée. Les passages les plus marquants du films restent les scènes avec Elle et ses parents, d'une violence et d'une bizarrerie attendrissante (Elle qui a besoin d'amour et tète sa mère...). C'est la mère d'Elle qui va nous apprendre que 20 ans plus tôt, lors d'une absence de son mari, elle fut sauvagement agressée et violée par trois individus qui ramenaient un piano mécanique chez le père de Pin-Pon... L'histoire peut débuter et la vengeance d'Elle aussi. Lorsqu'elle sait que Pin-Pon a ce piano dans sa grange, elle décide de l'épouser et de retrouver tous les coupables pour les tuer. On apprend ensuite que ce n'est pas que pour la veangeance, mais aussi pour retrouver un amour perdu, celui que son "père" lui a porté avant qu'elle ne le frappe violamment (croyant qu'il allait la violer). Elle refuse tout simplement le fait qu'elle soit le fruit d'un viol collectif plutôt que la fille bien aimée de Gabriel. Nous avons plusieurs voix qui racontent chacune leurs visions d'Elle, leur passé, ce choix "choral" de mise en scène est une réussite, même si son illustration (les flash-backs principalement) laisse parfois à désirer, car trop prémédité... D'abord Pin-Pon qui "cadre" le film pendant la première demi-heure et nous fait découvrir Eliane de l'extérieur, objet sexuel fantasmé mais aussi personnalité insaisissable. L'histoire va commencer à s'éclaircir lorsque le point de vue d'Eliane prend le relais, nous informant alors de son désir de vengeance. Le film change de ton, devient plus étrange et trouble, à l'image des rapports de la jeune femme avec sa mère. Après la décision de Pin-Pon d'épouser Eliane (qui se prétend enceinte), une troisième voix prend le relais : celle de la mère d'"Elle", surnommée dans le village "Eva Braun" de par sa nationalité. La quatrième participante au quatuor sera Cognata, la tante sourde de Pin-Pon qu'une certaine complicité lie à Eliane... Le film est traversé aussi par ces tensions familiales dûes à l'arrivé d'Elle dans la vie de chacun...


Note : 14.

Kei

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