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Gummo

Gummo : 3 Avis

Gummo ressemble à un terrain de jeu dévasté, à un film abject où plusieurs gamins marginaux nous montrent leur existence tout à fait singulière, après le passage d'une tornade qui a dévasté leur ville, plus rien ne s'y passe donc et on essaye de vivre avec le plus de bizarreries et de cruauté. Interdit aux USA et sorti en France deux ans après sa sortie officielle, Gummo dérange, met mal à l'aise et nous met sens dessus dessous. Pourtant, rien de bien palpitant ne s'y passe, mais l'histoire est tellement décalée et se mélange tellement entre fiction, documentaire et photographie, les mômes sont tellement paumés et à côté de la plaque que ce film peut au premier abord déplaire car il provoque irrémédiablement un malaise même pour le spectateur lambda. On s'aperçoit quand même d'une chose, que l'ancien collaborateur de Larry Clark aime ses personnages et ça se voit : les moments de tendresse, même absurdes, rendent le film émouvant.
La vie de ses personnages est tellement "originale" qu'on a du mal à se mettre à leur place, mais même sans cela, on s'attache aux personnages presqu'irréls. La misère y est dépeinte avec une telle fureur (avec plusieurs styles de caméras et plusieurs styles de prises) qu'on a l'impression de désordre et dégats dans cette ville paumée où le rêve américain subsiste (voir le jeune Bunny Boy et les passages sensuels avec la belle Chloé Sévigny). Tourné avec quelques acteurs méconnus et inexpérimentés,
La très grosse curiosité du film est le petit Salomon qui doit-on le dire possède une physionomie peu commune... Les scènes de violence bien que peu excessives (cela dépend aussi du spectateur) paraissent gratuites, comme si Korinne voulait prolonger la terreur que Kids (film de Larry Clark dont il fut co-scénariste) a su susciter.
Gummo est une ballade surréaliste et impressioniste (si j'ose j'ose!) où Tummler et Solomon parcourent sur leur vélo la ville maudite en tuant des chats pour les revendrent au boss d'une épicerie douteuse. Tout est désordre et très humain en même temps, plus humain que certains films de guerre.
Un film que je classerais comme un ovni avec des "Freaks" curieux, la presse bien pensante à beau trouver ça malsaint et abject, le cinéma rebelle est en marche depuis belle lurette et ce n'est pas là qu'elle s'arrêtera. C'est parfois brut, cela semble sans but et cela choque, mais n'y a t-il pas un public pour tout? Et moi je suis très bon public pour ce genre de film franchement décalé.

Note : 19.

Kei

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