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Suicide Club

Suicide Club : 3 Avis

Ce qui m'a d'abord frappée dans le film c'est sa scène d'ouverture qui est devenue très célèbre et assez culte, et puis il y a ce groupe de gamines "Les Desserts" qui font complètement décalées dans le film. Comme je le dis souvent, l'élément le plus à l'ouest d'un film est souvent celui qui est la clé de tout.
Suicide Club est un film complètement barge, il est malsain, il est sanglant, mais voilà sans se prendre au sérieux. Les suicides sont le plus souvent absurdes, tragiques ou hilarants, c'est ce qui fait partie du cinéma asiatique et c'est pour cela que l'on aime s'en délecter. Le cinéma asiatique peut tout se permettre avec l'horreur, sans jamais se dépêtrer d'un humour assez dingue. La scène la plus hilarante restant celle où Genesis, un chef de loubards travesti en chanteur GlamRock, chante une chanson très drôle au milieu de ces victimes qui jonchent une vieille salle de bowling abandonnée et là obligé de faire le lien avec Rocky Horror Picture Show.

Si vous aimez être baladé d'une narration à une autre et frissonner de plaisir dans le bon et le mauvais sens, vous allez adorer regarder un film bizarre qui peut paraître idiot et exagéré du fait de ces tonnes d'hémoglobine déversées à tout va, mais qui traite d'un sujet tabou, ancré dans la société japonaise, celui du suicide et un autre sujet très présent, celui de la mode. En effet, que ne feraient pas les jeunes Japonais pour être à la mode (prostitution, meurtre, petits boulots) et tout ceci après les cours dans un pays où les traditions demeurent sévères. La jeunesse japonaise va aussi mal que celle des autres pays et c'est peut-être pour cela que certains films paraissent d'une violence inouïe, voire d'un côté malsain jamais vu. Ce qui est passionnant dans ce cinéma, c'est le fait d'être toujours surpris, et j'adore être surprise.
Suicide Club n'est pas sorti en France comme bon nombre de films asiatiques très très bons d'ailleurs, mais il faut savoir trouver le distributeur qui oserait porter ces films et dépasser les censures habituelles.

Le Japon est une société attirante, elle est de plus en plus à la mode en Occident, mais voilà, cette société a aussi de nombreux travers, elle est rigide et toujours traditionnelle, alors que sa jeunesse lutte pour sortir de cet état de fait, la mutation s'annonce rude. Suicide Club dénonce ici, de manière crue et sanglante, un système qui ne fonctionne plus, tout comme pourrait ne plus fonctionner celui du Japon d'aujourd'hui. D'où peut-être les scènes d'étudiants bien comme il faut faisant des choses gores comme il faut.

Le film n'est pas un chef-d'oeuvre, mais ce n'est pas son but. C'est avant tout un film d'horreur et macabre, ironique à l'humour déroutant mais très présent. Ames sensibles s'abstenir, il a été interdit aux moins de 18 ans... Le film n'est pas non plus sans intérêt, il me plaît parce qu'il a ce côté étrange que j'affectionne. Après le suicide des 54 lycéennes, l'enquête de police débute, on retrouve un sac de sport avec pas moins de 200 lambeaux de peaux humaines agrafés les uns aux autres, les enquêteurs sont dépités. Sur ces morceaux, on identifie ceux des jeunes suicidés, et ensuite des futurs suicidés. Un autre sac de sport contenant aussi des morceaux de chair sera retrouvé plus tard. La police ne va faire aucune relation entre les suicides et cette découverte pourtant, le seul point commun des victimes étant l'âge. Justement l'âge de la fille de l'inspecteur Kuroda.
Et c'est là que commence vraiment l'intrigue, on va alors entendre les Desserts, un groupe de pop japonaise, un girls band de gamines de 13 ans qui semble passionner la moitié de la population, mais surtout la fille de l'inspecteur Kuroda, sa femme aussi et peut-être son fils. La chanson "Mail Me" est très entraînante d'ailleurs. Viennent s'ajouter deux étranges filles postées derrière l'écran d'un PC et qui appellent la police en prétendant avoir la clé du mystère, une bande de malfrats assez fous furieux et tarés et la voix de cette petite fille au téléphone qui a comme un problème de toux et qui vous demande : "Êtes-vous connecté à vous-même ?".

Suicide Club va se dérouler comme un puzzle assez bâclé par moment mais de façon de plus en plus violente, dévoilant une vérité assez malsaine qui a mis bon nombre de mes amis mal à l'aise. A voir absolument. Peut-être qu'il existe enfin un DVD avec des sous-titres français. Sinon, un manga de Usumaru Furuya est apparu (disponible dans la collection Sakka de Casterman) et rend hommage au film.


Note : 18.

Kei

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