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Lost in translation

Lost in translation : 3 Avis

Bob Harris, est un acteur célèbre, mais recyclé, vieillissant, qui doit faire une pub pour le whisky au Japon. Bob ne parle pas un mot de cette langue et sa confusion est grande, plus que sa détresse. Il est seul, loin de sa famille avec qui il communique par fax ou téléphone. Ce ne sont pas des mots d'amour, ni affectueux, juste le sentiment d'un rappel à sa condition. Le mariage est présent, mais plus les sentiments. Paradoxalement, Charlotte a tout quitté pour suivre son mari photographe et toujours absent dans une grande ville où elle s'ennuie. Deux ans dans leur mariage, sa patience s'effrite, elle se fiche des relations de travail de son mari sans personnalité et n'arrive pas à établir ce qu'elle veut faire de sa vie. Son mari n'aide pas, est aussi vide que ses clients. Evidemment Charlotte et Bob étaient faits pour se rencontrer. Ils ne peuvent bientôt plus se passer l'un de l'autre, chacun annulant la frustration de l'autre, s'amusant et s'aimant tristement, car cet amour-là est voué à ne jamais se développer comme dans toute histoire romantique.
Nouveauté dans la comédie dramatique, on assiste dans cette traversée d'un Tokyo chic, à l'errance d'un couple pas banal. Aliénation et dislocation, espace magnifique pour coeurs perdus. Alors que les comédies romantiques proposent une histoire convenue, avec des fins heureuses pour le couple, Sofia Coppola établit de nouvelles règles assez sombres, pour des gens qui s'aiment sans excès. Ce serait plutôt anti-romantique, elle joue plus sur le silence que sur les dialogues. L'esthétisme accentue l'espace qui entoure les deux acteurs, on les trouve sympathiques, paumés dans un monde nouveau, hystériques et abandonnés. Malgré le fait qu'ils aient de nombreux privilèges et ne manquent de rien, ces êtres n'en sont pas moins boudés par la caméra qui préfère filmer les alentours plutôt que d'être fixée sans cesse sur les protagonistes de cette histoire.
« Par convention, dans le cinéma traditionnel, le baiser est synonyme de secrets, indique le désir, établit les couples et signifie la résolution en renforçant le mythe de l'amour romantique. Mais dans cette nouvelle vague de romans anti-roman contemporain, le baiser signifie l'ambiguïté ». La passion de ce baiser n'est perçue qu'à la fin du film, sans véritable grand déchirement. La véritable force de cet amour se trouve dans les moments intimes et silencieux entre Bob et Charlotte, ils traversent la ville comme un labyrinthe, avec ses occasions manquées, qui se transforment en départ et adieu, juste une petite histoire, un scénario peut-être basique, mais que Sofia Coppola a su rendre intéressant et limite, presque émouvant. Un film pourtant très drôle parfois grâce aux gaffes de Bill Murray. Il est même sublime lorsqu'il interprète "More Than This de Roxy Music" (une larme je vous dis !).


Note : 17.

Kei

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