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Another Day in Paradise

Another Day in Paradise : 3 Avis

Musique de blues, années 70 nous voilà. Tout est là pour accentuer d'entrée le drame, les sombres passages de transes et de dépendances, des personnages humains, attachants, mais dépressifs. On reconnait dès le début du film, la patte de Larry Clark lorsque Bobbie sort de son lit nu, sublime, quittant son amie.
Moins dépouillé que Kids, Bully ou Ken Park, Another Day In Paradise, nous fait plutôt penser à un polar. Mon Dieu! Clark s'essaye à autre chose? Sans jamais quitter son sujet de prédilection, c'est à dire l'adolescent. Un autre paradis dont Marcel Proust de son temps faisait éloge et que Clark découvrit en prison. Ce livre d'Eric Little n'était pourtant pas (dixit les mauvaises langues) chose facile à adapter.
Pourtant ce qui frappe dans le film, c'est ce côté ridicule des seventie's, l'excès de drogue et de ses boites de nuits, où l'on verra James Woods (incroyable) danser avec Melanie Griffith.
Je pense que c'est le premier film de Clark où il introduit des figures parentales que sont Sid et Mel face à ces jeunes désabusés que sont Rosie et Bobbie. On à l'impression de voir Bonny et Clyde et leurs rejetons. Mais malgré tout, Sid reste très maternelle, et c'est elle qui touche le plus dans ce film, elle qui n'a jamais eu d'enfant et s'attache aux deux ados, surtout Rosie.
Melanie Griffith a toujours eu ses larmes qui nous touchent, elle semble être une femme perdue, entraînée par la spirale Mel, à qui elle ne peut plus rien refuser, comme si son premier sacrifice l'a poursuivait encore, comme si elle s'était persuadée elle-même qu'elle ne pourra plus jamais faire marche arrière, et c'est peut-être l'amertume et l'amour qui lui dicte sa conduite à la fin du film lorsqu'elle permet à Bobbie de retrouver sa liberté avant qu'il ne soit trop tard pour lui aussi.
Avec Mel c'est différent, il donne l'air d'un ptit truand charmeur qui prend facilement la tangente et entraîne dans son sillage ceux qui semblent fascinés par lui. Son rapport "d'éducateur" avec Bobbie lorsqu'il lui apprend l'art et la manière de voler et de braquer, nous laisse penser pourtant qu'il aurait sûrement lui aussi aimé avoir un fils à qui tout apprendre. Car le couple en prenant avec eux ces deux gosses semble retrouver une joie complètement neuve, ne vont-ils pas dévaliser les boutiques pour eux ?
A travers ces personnages, Clark dépeint toujours et encore le malaise de l'Amérique, de cette jeunesse perdue entraînée dans des jeux extrèmes auxquels ils ont cru pouvoir adhérer. Ce qui rend Another Day In Paradise crédible, c'est ce rapport à l'image et le son. On à l'impression de voir un documentaire parfois, et d'entendre couler le film. Ni effets spéciaux, ni voyeurisme, ni effet de sensibilisation accrue, c'est une simple histoire d'une quête d'un paradis inexistant que Bobbie va tenter de trouver malgré tout. A la fin du film lorsqu'il s'évade dans ce champ de blé seul et libre, on à l'impression qu'il est devenu plus adulte et accompli et qu'il va tenter de survivre mieux.


Note : 18.

Kei

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