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Johnny s'en va-t-en guerre

Johnny s'en va-t-en guerre : 3 Avis

Un film antimilitaire et bien plus, un film dramatique et visiblement écoeurant sur les hallucinants revers de la guerre et de l'armée américaine.
Visiblement on hésite à acclamer le bouquin ou le film, mais le roman renferme plus de passages et l'on peut totalement et durablement s'immerger dans l'esprit de Joe, un tronc encore vivant, mais plus un homme, qui voudrait mourir comme un homme, mais que l'on se borne à garder vivant pour faire perdurer le mythe de guerre du citoyen qui s'est sacrifié pour son pays. C'est une histoire universelle, mais monstrueuse et honteuse qui pourrait montrer du doigt chaque administration militaire et ce de tous les pays. Quand la folie des hommes est orchestrée par quelques fous, et que l'on se retrouve pantins d'une désinformation.
Le film n'est pas gore pourtant, la pudeur est visible, seul le front ou quelques peau intactes de Joe seront montrés. La guerre n'est pas montrée, mis à part le corps d'un Allemand sur des barbelés. On va plutôt travailler sur Joe, cet homme gravement mutilé et privé de parole, qui va avec sa voix off nous traduire plus que l'horreur d'une guerre sans raison. Les attaques cyniques de Trumbo sur les effets de la guerre, l'hypocrisie de la religion et un système malsain sont très présentes dans le film. Pourtant il aura souffert d'écrire ce roman qui sera un aveu pour les autres d'une faiblesse et d'un défaitisme dégradant, alors que ce n'est qu'un roman pacifique. Le MacCarthisme plus tard va aussi lui faire du tort, car on l'accuse sauvagement, il fera partie des "dix accusés d'Hollywood". Ne se rendant pas, il sera difficile pour lui de continuer à travailler dans le cinéma, il continuera donc sous un pseudonyme.
Lorsque Johnny got his gun est enfin réalisé par l'auteur, il a 65 ans je crois et c'est l'entrée en guerre des Etats-Unis au Vietnam.
Le film de Trumbo donc est intemporel, tout comme le sont Nuit et Brouillard et Shoah, l'absurdité de toute guerre pourra être démontée grâce à ce genre de critiques flagrantes.
Ce qui est difficile à apprécier dans le film c'est ce suspense incroyable où Johnny essaie de communiquer avec ces médecins et ces infirmières qui le croient sans émotion, sans sentiment, du fait qu'il n'ait plus ses jambes et ses mains, qu'il soit devenu une espèce de monstre. Même lorsqu'il arrive à communiquer son envie de mourir par morse à une infirmière qui voudra l'aider, l'intervention de ses supérieurs est écoeurante. Un film à voir d'urgence.


Note : 20.

Kei

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