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Crash

Crash : 3 Avis

Encore un scandale pour Cronenberg, le film projeté à Cannes en 1996 a soulevé des polémiques et des débats (comme d'habitude) pendant plus de trois ans... Mais Francis Ford Coppola et son jury ont su voir en cette oeuvre (je plaisante, Coppola était de ceux qui ont conspué ce film), quelque chose de peu banal, de choc et de franchement audacieux, ce qui vaut à Cronenberg un prix spécial du jury, sous nos applaudissements.
Crash séduit par son atmosphère irréelle et un peu malsaine, où les personnages en manque d'amour et de sens, réveillent leur corps et leur âme à coups d'accidents ; quand la machine s'abîme, leur corps aussi, et il se transforme, absorbe les fragments de ferraille, les plaies s'impriment. Avoir survécu provoque un triomphe, et la victoire se transforme en désir sexuel.
Le sujet du fétischisme envers l'automobile et les blessures d'accidents dans un style froid et esthétique, font que ce film est assez difficile pour celui qui ne connaîtrait pas le monde de Cronenberg, poussant la recherche sexuelle jusqu'à l'intolérable. On pourrait dire que Crash est une espèce de reflet de Metropolis de Fritz Lang, mais la manière de traiter du danger de l'avancée de la technologie est différente. L'homme fusionne avec sa machine, jusqu'à redéfinir ses pulsions libidineuses et les transformer en douleur utile et nécessaire, ce qui nous rappelle aussitôt Testsuo. Ce qui semble faire fantasmer Cronenberg, c'est de trouver un sens à nos démons intérieurs : sommes-nous de grands malades ? Les scènes troublantes qui suivent les accidents feraient sûrement rager les
personnes qui luttent pour la sécurité routière, car l'autodestruction est le récit de ces protagonistes presque mutants, tant leur corps se métamorphose avec les cicatrices. Le réalisateur reste fidèle au roman qui en 1973 fit tout aussi scandale par son côté pornographie violente et froide. Les tôles de bagnoles bousillées réveillent les désirs les plus sombres de ces gens qui plongent dans un détachement parfois inquiétant, dans un fétischisme mortel et assez impressionnant. Holly Hunter joue un registre que je ne lui connaissais pas au côté d'un James Spader qui avait déjà prêté son sex-appeal pour Sexe, Mensonges et Vidéos.
Ce film est une oeuvre viscérale, qui accroche ou écoeure, mais qui laisse aussi ses empreintes comme le fait la technologie en ce moment.


Note : 17.

Kei

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