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Dark Water

Dark Water : 3 Avis

Si l'eau en Chine est bienveillante, elle est source de terreur au Japon. On peut le lire dans certains livres de Murakami et autres, et déjà dans Ring, où les démons viennent de la mer.
Dans Dark Water, on pensait que les ficelles de la peur subjective étaient déjà bien assimilées, mais c'était se rassurer pour rien. Pour ceux qui sont devenus friands, car blasés, des films écarlates à souhait, Dark Water est un pacemaker malicieux.
En entendant une goutte d'eau, on se surprend à sursauter et à ne plus vouloir regarder la suite.
Déjà couple gagnant pour Ring, l'écrivain Suzuki et Nakata ont le même centre d'intérêt pour les peurs enfantines les plus sombres. Avec des jeux de gamins, on peut en avoir pour son argent. Dans Ring on jouait à se faire peur par téléphone, dans Dark Water c'est un jeu de cache-cache impressionnant. L'eau semble servir à ressusciter des morts qui crient vengeance et dont les parents ont failli. Dans Ring, Sadako, tuée par son père, revient pour assouvir sa vengeance et, dans Dark Water, la petite fille, abandonnée par sa mère, revient en chercher une autre. Mais surtout, l'eau est maléfique, elle salit, rouille, tue.
Traumatisme ? Après la bombe atomique, les effets toxiques et les pluies acides, le Japon semble traumatisé et angoissé. Toutes ces terreurs se retrouvent dans plusieurs films, mais surtout dans ceux de Nakata, où l'élément naturel le plus pur qui baptise et purifie, fait souffrir et fait très très peur.
L'eau qui se déverse à chaque apparition de la petite fait peur, parce qu'elle se manifeste dans ces moments-là et n'est pas jolie à voir. Même si les effets et la fin correspondent presque à ceux de Ring, on adore ce film qui, comme d'habitude, a vu ses droits rachetés par les studios américains pour en refaire une version très "pouffe", très "U.S.A.", qui fera encore des émules dans les grandes salles de cinéma. Voir la copie avant la photocopie peut être avantageux pour repérer les graves erreurs et pour se moquer ouvertement du déclin cérébral d'Hollywood face à un nouveau cinéma asiatique et européen (et là ce n'est carrément pas de l'anti-américanisme, mais de l'anti-pillard du moment). Car si le futur casting est bien : Tim Roth et Jennifer Connelly (qui avait refusé de joué dans Le Cercle, serait-ce l'appât du gain qui l'attirerait là ?), malgré ma sympathie pour eux, je me marre sans retenue. Encore un tas de personnes qui iront voir ce film sans savoir que derrière il y avait une version originale...
L'eau qui jaillit de l'ascenseur ressemble à la mise en scène d'un accouchement, Mitsuko retrouve sa mère. Et c'est une note triste et un constat amer sur le rôle des parents absents.
Dark Water est un film bien plus sombre que Ring, avec des actrices tellement réelles et si naturelles que ça fait vraiment plaisir de les regarder et que ça fait de la peine de voir tant de tristesse chez ces enfants abandonnés par leurs parents. Au-delà d'un film d'épouvante à économie réduite, il y a beaucoup de critiques de la société japonaise à distiller.


Note : 19.

Kei

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