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Tokyo Decadence

Tokyo Decadence : 3 Avis

On connaissait Murakami, l'écrivain incendiaire du Japon, qui décrivait dans ses livres d'une façon cru et colérique parfois le désenchantement d'une jeunesse ou d'une époque, le sexe règne comme un virus ou un fléau apaisant, les coups sont reçus et supportés grâce à la désillusion, aux drogues.
Dans ce film qu'il sort en 1992, Murakami nous montre un condensé de ses jugements, mais soulignons d'abord des défauts techniques, car malgré l'histoire déjantée et parfois touchante, on se perd dans des coupures, de scènes limites et d'un vide décevant. Le film paraît creux et pâlit ses faiblesses avec quelques clichés techniques académiques voire soporifiques, voir parfois foirés.

On assiste à un film contemplatif, l'histoire d'une call-girl très douce et paumée livrée aux demandes de ses clients pervers. Le déclin du Japon est montré à travers Aï qui parcourt le film presque comme un fantôme souffrant qui se fait maltraiter par ces humains devenus mutants, ces humains devenus horribles et complètement dépravés. La société japonaise va mal ? On pourrait le croire, c'est d'ailleur la seule chose que l'on puisse comprendre au film. Certes, il y a des passages amusants (lorsque Aï est appelée à seconder une autre maîtresse SM vraiment plus extravertie qu'elle). Les images sont hypnotiques, on se perd parfois avec des jeux d'ombres trop abusifs et très franchement, on ressent la pesante douleur des personnages à travers le film.
Les bons points existent, mais ils ne font pas le poids face à trop de maladresses. La photographie est très belle, et le scénario très bon, dépeindre la vie d'une fille qui survit grâce à un travail qu'elle n'a vraiment pas l'air d'apprécier. Une jeune fille qui se raccroche à sa bague topaze pour tenir le coup et à son ancien amour. Des clients qui transgressent l'acte sexuel pour ressentir une douleur et arriver plus vite à un plaisir qu'ils ne méritent pas. Vers la fin, Aï erre dans une espèce de ville qui ressemble à un labyrinthe où elle se perd, mais qui va lui donner la force de changer et de repartir de bon pied ! Mais ça, on ne l'a pas compris très vite Mr Murakami.
Pour les férus du genre, un Tokyo Decadence 2 est sorti lui aussi en 1998, la call-girl est moins naïve et les photos tiennent tête à celles du photographe Araki, à voir aussi !


Note : 9.

Kei

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