Gladiator : 3 Avis

Ce film est très intéressant. Je vais commencer par pointer le négatif pour laisser une bonne impression à la fin. Tout d'abord, laissez moi pointer une erreur grossière. Au tout début du film, la date indiquée en français est 180 av. JC. Or, Marc-Aurèle règna de 161 à 180 apr. JC. Au début, j'ai hurlé à l'inculture des Américains. Mais après avoir vu le film en VO, je m'aperçois que les Américains ont bien marqué 180 AD (Anno Domini). L'erreur de la VF vient donc de la traduction foireuse des adaptateurs en français. Donc, mea culpa, les Américains ont ici une meilleure culture que les Français qui ont fait l'adaptation. Bouh, honte à eux...
(note: cette erreur a été corrigée sur le DVD)
Sinon, il y a deux manières de voir le film. J'arrive (sans me vanter) à passer de l'une à l'autre et j'avoue que le plaisir y est très différent. Tout d'abord, on peut le regarder comme un historien. Et là, c'est la débâcle. Le film est rempli d'erreurs historiques, d'invraisemblances et d'affabulations. En vrac, la bataille du début est certes jolie, mais totalement impossible historiquement parlant. Commode était déjà co-empereur depuis 3 ans et Maximus n'aurait jamais pu le remplacer sur décision de Marc-Aurèle. Les combats de gladiateurs étaient moins violents que ça, il y avait beaucoup de grâce (former un gladiateur, ça coûte du temps et de l'argent, alors on les gaspille pas comme ça). Quant à Commode, il n'est jamais mort dans une arène, mais assassiné. On passera aussi sur les erreurs matérielles durant le film. Donc, l'historicité du film est très discutable.
Mais, on peut aussi le regarder comme une fiction à arrière plan historique. Et là, le plaisir est bien plus important. Peu importe les détails, l'essentiel y est. La fourberie et la soif de pouvoir de Commode, les règles de l'arène, le paganisme romain. Psychologiquement parlant, je dirais que le film est très historique, rendant bien les choix de chacun des personnages. Maximus, partagé entre son désir de vengeance et son sens de l'honneur en est le plus bel exemple. L'élan héroïque du film l'emporte sur le réalisme. Pour une fois qu'on a un film dont la psychologie ressort de manière aussi importante, on ne va pas renâcler. A noter, ironie du sort, que certains détails qui semblent les plus incroyables, sont parfois les plus historiques. Oui, un empereur dans l'arène, c'est possible. Commode était fasciné par les gladiateurs et combattait parfois dans les arènes (combats truqués ?). Et si je me plains de certains détails, à noter que l'ensemble de la reconstitution est plutôt fidèle en général, notamment le Colisée.
Au final, un film sans prétention historique, dans la ligné du Spartacus de Kubrik ou du Ben-Hur de Wyler. Un péplum de grand style, revisitant le genre avec un talent indéniable. Je mets 16 à ce film, car il aurait été quand même mieux, à mon avis, d'historiciser un peu plus le film, sans pour autant enlever de qualité au spectacle.


Note : 16.