Mercure : 3 Avis

En suivant mon parcours "Nothomb", me voilà arrivée à Mercure ou l'histoire d'un vieux marin qui séquestre en quelque sorte des jeunes filles.

Mystification
L'histoire est basée là-dessus. La tromperie. En effet, comment une jeune femme peut raisonnablement rester, apparemment volontairement, avec un vieux pervers ? Tout simplement parce qu'il s'est bien débrouillé pour la convaincre qu'elle est défigurée. Et il fait tout pour qu'elle y croie dur comme fer. L'absence de miroirs est un des éléments de cette mystification.
Bien entendu, Françoise, l'infirmière, étrangère à cette étrange manipulation, va chercher à savoir et surtout à libérer la prisonnière de sa cage immatérielle.

Une cage
Hazel, la captive qui s'ignore. Au contraire, elle est reconnaissante. Plus que l'île et sa forteresse qui la gardent prisonnière, Hazel est victime d'une prison mentale qu'elle s'est construite petit à petit. De ce fait, elle est incapable de remettre en question les dires du Capitaine, de voir la vérité. Et pourtant, il lui serait très simple de vérifier si son visage est abîmé, rien qu'en le touchant. On pourrait même lui reprocher de céder à la facilité. Ne pas affronter la réalité et ses conséquences, se faire entretenir, être le centre des attentions, c'est peut-être plus simple que d'être orpheline et d'avoir à grandir toute seule.
Hazel est-elle vraiment une victime ?

Mercure ?
Ah oui, que vient faire le mercure dans tout ça ? Curieux titre pour un roman qui parle d'une prisonnière sur une île.
En fait c'est assez simple mais on n'y pense pas du tout. Et quand les protagonistes parlent du rôle du mercure, on se dit "mais c'est bien sûr, pourquoi je n'y ai pas pensé ?". On est tellement concentré sur l'enquête de Françoise que ça en devient une complète diversion et qu'on ne pense pas du tout qu'en tant qu'infirmière elle possède du mercure et que c'est un composant des miroirs ^^.

Alternative
Une fois n'est pas coutume, Amélie Nothomb crée la surprise en nous proposant une fin alternative. La première fin est assez curieuse puisque ça finit trop bien pour un roman d'Amélie Nothomb. Elle, qui d'habitude préfère les choses assez sombres, nous offre une fin trop belle et trop normale. Ca change beaucoup de ce qu'elle a fait dans ses autres livres (excepté son triptyque autobiographique romancé) où ça finit mal, ce qui correspond bien à l'ambiance de ses histoires.
Donc là, pour la première fin, on pourrait presque dire que ça ne lui ressemble pas. Heureusement il y a une fin alternative. Cette dernière est plus en demi-teinte et on retrouve plus le style de l'auteur.

Une île privée, un vieux Capitaine, une jeune femme qui dépérit, des secrets et un énorme mensonge. Une lecture agréable mais peut-être moins palpitante que certains autres titres du même auteur.
Avez-vous un peu de mercure ?


Note : 14.